Abstract:
En Slovaquie comme dans beaucoup de pays européen, les femmes subissent de nombreuses discriminations sur le marché de l’emploi. Les salaires de femmes y sont nettement inférieurs à celui des hommes. Cela s’explique notamment par le fait que beaucoup de femmes travaillent dans des secteurs peu rémunérateurs (administration publique, enseignement, hôpitaux…). En raison des différences de trajectoires dans leur carrière, les femmes bénéficient de retraites dont les montants sont significativement inférieurs à ceux des hommes[1]. Pourtant, le cadre juridique visant à protéger les femmes contre les discriminations est apparemment protecteur. La constitution slovaque du 3 septembre 1992 prévoit ainsi à son article 38 des mesures accrues de protection et des conditions de travail spéciales. La loi du 20 mai 2004 prévoit un certain nombre mécanismes protecteurs et le droit à l’égalité de traitement fait partie des droit fondamentaux[2]. Toutefois, dans la pratique les discriminations sont nombreuses et culturellement acceptés par les femmes elles-mêmes dans cette société qui fonctionne selon un modèle patriarcale. Au niveau professionnel, les femmes slovaques subissent plus que les hommes les contraintes des enfants. Les mères de famille qui ont un travail sont peu nombreuses par rapport aux hommes et souvent il ne s’agit d’un travail à temps partiel. La différence est encore plus marquée pour les mères qui ont des enfants en bas âge. Il est culturellement mal accepté qu’une femme ayant un enfant âgé de moins de trois ans reprenne une activité professionnelle. Le fonctionnement des services publics de garde d’enfants reflète bien ce phénomène sociologique. Ainsi la Slovaquie se prive d’une main d’œuvre qualifiée qui se trouve marginalisée sur le marché de l’emploi du fait de l’absence de services publics qui permettaient aux femmes qui le souhaitent de concilier leur vie familiale avec leur vie professionnelle durant les trois années qui suivent l’accouchement. Ces longues ruptures dans les carrières conduisent parfois les recruteurs à discriminer les femmes en âge d’avoir des enfants lors des entretiens d’embauche. Ce contexte permet d’expliquer le faible taux de natalité qui entrainera à long terme une pénurie de main d’œuvre nécessitant d’avoir recours à l’immigration pour pouvoir certains postes.