Abstract:
La recherche orientée sur les besoins industriels est au coeur de la stratégie d’innovation du gouvernement canadien et se retrouve explicitement dans les discours sur les budgets de 2012, 2013 et 2014. Une vaste littérature a pourtant mis en garde les preneurs de décision contre une telle stratégie démontrant ainsi le danger d’emprunter une orientation dictée par le marché et à court terme. Dans cette vague de stratégies privilégiant l’utilité de la recherche fondamentale, influencée par le rapport Jenkins, le Conseil National de la Recherche du Canada (CNRC) est devenu la cible et s’est vu imposé un rôle de “concierge” réduisant son activité à évaluer et surveiller la recherche effectuée dans d’autres organisations (i.e. entreprises privées, universités, hôpitaux, etc). Le texte démontre que des arguments théoriques auraient dû être considerés avant de développer une telle stratégie nationale. Deuxièmement, il sera établi, sur la base d’une évidence empirique, portant sur les trois dernières décennies, que l’importance de l’expertise du CNRC a été construite sur sa capacité à attirer des collaborations nationales et internationales dont la nature allait au-delà de la résolution de problèmes. Nous concluons notre recherche en suggérant que le gouvernement aurait dû exploiter l’opportunité d’utiliser le CNRC autrement que pour seulement réagir aux échecs de marché et devrait plutôt maintenir pour cette organisation un rôle actif de leader dans la recherche avec des missions dont la perspective à long terme devrait être privilégiée. Ce rôle fait écho à certains auteurs qui voient dans l’Etat un rôle central dans le développement de l’innovation particulièrement dans les industries où les risques sont élevés.