L’Apprentissage du Manager: D’Un Comportement Ambidextre à une Logique de Dépassement

Abstract:

L’analyse des activités d’exploitation et d’exploration en tant qu’une dimension fortement présente dans le travail du manager est sous-théorisée en sciences de gestion. Pourtant, face à des situations inattendues et porteuses de doute sur les pratiques organisationnelles en place (Argyris & Schön, 1996), c’est prioritairement au manager, praticien acteur-expérimentateur au sens de la théorie pragmatique de l’enquête (Dewey, 1938-1958), qu’incombe le travail de résolution des problèmes organisationnel et de rétablissement du courant de l’activité (Journé, 2007). Dans cette perspective, deux logiques caractérisent le comportement du manager : la première correspond à ce que Hannah Arendt appelle « automatisme de l’action » (Dumez, 2006). Elle consiste à résoudre les problèmes structurés en exploitant les solutions formalisées et utilisées de façon routinière ou presque ; la seconde logique, cohérente avec les problèmes de type non-structuré, et dont les solutions ne sont pas programmées (Simon, 1965-1980), conduit le manager à fournir un effort cognitif plus important pour plutôt explorer des solutions (ou procédures de résolution) plus adaptées (Schön, 1983), permettant de renouveler les pratiques capitalisées (Gilbert, 2008). Dans les deux logiques de résolutions des problèmes, il faut noter que l’investigation organisationnelle menée par le manager le conduit à combiner des activités d’exploitation et des activités exploratoires. La façon dont procède ce dernier pour combiner et gérer ces deux types d’activités apparemment antinomiques caractérise son comportement ambidextre dans l’organisation. Dans cette perspective, c’est la « capacité comportementale [du manager] à reconfigurer rapidement les activités pour répondre aux changements de l’environnement » (Ney, 2008, p.7) qui est à l’origine de son apprentissage dans et pour l’entreprise.