Abstract:
Ces dernières décennies, la manière d’appréhender la gestion publique des territoires a considérablement évolué en Europe. Du fait de la concurrence internationale qui ne se limite plus à des rivalités entre Etats-nations, les Etats européens ont dû s’adapter et modifier leurs administrations locales car désormais les continents, les régions ou les grandes villes prennent part à une compétition pour le développement qui se joue à l’échelle de la planète. Un système singulier dans lequel l’élaboration de normes et de politiques publiques est le fruit d’interconnexions complexes entre différents niveaux d’action publique s’est structuré dans le cadre de la construction européenne. Ce nouveau mode de gouvernance territoriale, consacrant l’autonomie locale et largement inspiré du New Public Management, s’est progressivement diffusé en Europe comme l’illustre la régionalisation qui est une tendance commune à beaucoup de pays européens. A partir des années 70, les solutions d’inspiration néolibérale en matière de gestion publique des territoires se sont imposées en Europe de l’Ouest. Progressivement la nécessité de moderniser l’action publique semblait devoir passer par une action plus limité de l’Etat et par une autonomie régionale accrue. Ainsi il est possible d’établir un certain nombre de liens entre la diffusion des préceptes du New Public Management et les réformes régionalisatrices. A la fin des trente glorieuses, les modèles centralisés et planificateurs ont montré leurs limites. Avec la crise entraînée par les deux chocs pétroliers, les Etats européens se sont inspirés des solutions issues du paradigme néolibéral pour faire face à leurs problèmes. Les réformes visant à la « modernisation de l’Etat » se sont diffusées dans les pays d’Europe de l’Ouest avant de se propager en Europe centrale après la chute du mur.